Les immigrants d’Australie, tout d’abord (le mouton Mérinos est importé en 1797) avec les britanniques et écossais qui vinrent avec leurs « Smithfield », « Dorset Blue Shags », « Cumberland », « Bearded collie », « Glenwherry collie », « Old English Sheepdog ». Les Espagnols, les Basques français et espagnols, avec leurs bergers. Les allemands, avec le Berger Allemand, Les suisses avec leurs bouviers…
Ensuite ces immigrants vont arriver aux Etats-Unis, lors de la conquête de l’ouest (le mouton Mérinos est importé en 1808. La ruée vers l’or en Californie date de 1850), et leurs chiens se mélangèrent aux chiens du Mexique où les basques étaient déjà implantés. Il semble que c’est ce type qui a dominé, si l’on se réfère à la description de Brehm concernant le chien de berger pyrénéen de l’époque : « C’est un chien au poil presque dur, frisé dans le jeune âge, blanc tâché de plaques noires. Il est de haute taille, court et musclé, il a les doigts largement palmés, la tête large, développée, les oreilles pointues et tombantes, le museau long, carré, et de grands yeux bleus saillants, annonçant l’intelligence, la douceur, l’intrépidité… ».
Certains disent qu’il a gardé les yeux du Border, la collerette et la culotte du Colley, la liste en tête du Bouvier Bernois, la robe merle qu’on trouve aussi bien chez le Berger des Pyrénées, le Colley, le Border Collie (Vient de l’anglais « marled » ou « merled » et signifie marbré ou arlequin : des taches sombres irrégulières sur fond clair).
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Vers 1850 il est déjà bien implanté (des photos de 1869 dans l’Utah, nous montrent un type très proche de l’actuel), les sujets préférés dans cet ouest des USA où on ne conserve que les sujets utiles, capables de travailler toute une journée par les températures les plus extrêmes, sont de couleur bleu merle, d’où le nom de « little blue dog » qu’on lui attribue. S’il avait un œil ou les deux yeux bleus c’était encore mieux car cela impressionnait les indiens qui leurs donnèrent le surnom de « Ghost-eyes » (yeux de fantômes). Il porte également d’autres noms : Berger Espagnol, Berger Californien, Chien de pasteur, Nouveau berger mexicain, chien bleu, Heelers pour ceux qui conduisent à la tête du troupeau ou Heeders qui servent de talonneur derrière les bêtes… On peut dire que les premiers types modernes sont ceux produits par celui qui fut président de l’ASCA (Australian Shepherd Club of America), dès 1917, Elsa B. Cotton, en Oregon, entre des sujets bleus merles sombres et des sujets arrivés d’Australie rouge tricolore. Il faudra pourtant attendre 1940 pour que l’Aussie soit connu du public comme chien de troupeau typique des fermiers et des cow-boys, principalement dans l’ouest. Il est incontestable que la reconnaissance de la race est surtout redevable à Jay Sisler.
C’est celui par qui le succès est arrivé pour la race, celui qui a le plus contribué à la faire reconnaître, le sortant des fermes et du rôle de conducteur de troupeau pour qu’elle devienne la plus populaire parmi toutes les races de chiens auprès du grand public.
Jay Sisler d’Emmett dans l’Idaho était un dresseur de talent et il se produisait dans les rodéos à travers le pays. Il eut son premier Australien en 1939 qu’il appela comme cela se faisait à l’époque chien bleu (blue dog), et pendant 20 ans il fut fidèle à la race, l’utilisant habilement dans des tours d’adresse extraordinaires.
Son premier chien, nommé Keno, de couleur noir et rouge, lui fut offert par Myron Whitley, puis il acheta Blue Star, de couleur bleu, dans une foire aux bestiaux. Unie à Keno elle donna en 1948 les prestigieux Shorty et Stub de couleur bleu merle sombre.
Shorty fut utilisé par Fletcher Wood de Morrison dans le Colorado sur ses femelles obtenant des champions comme Nichol’s, Little Bonnie, Wood’s Stuby. Cet éleveur lui acheta Wood’s Jay (Sisler Shorty x Sisler Trixie) en 1949, un bleu merle avec peu de blanc excellent sur les chevaux et le bétail (Fletcher Wood était responsable du « National Western Livestock Show »). Il produisit des chiens le plus souvent merle avec un peu d’ocre (Tan) et de blanc que les cow-boys se disputaient pour travailler dans les ranchs. Shorty fut le père de Sisler’s Joker, lui-même grand-père de Tailor’s Buena qui engendra les fameux Hartnagle’s Hud et Homer’s Jill, ainsi que Wood’s Jay, un excellent traceur.
Les courants de sang qui venaient des chiens de Sisler se retrouvent dans la plupart des origines à présent, tant ils ont été utilisés, avec parmi eux une majorité de chiens de travail comme le champion Sorensen’s Cherry Brandy ou la lignée créée par Joe Taylor de Moab dans l’Utah.
Il faut dire que les chiens de Sisler donnaient l’exemple et démontraient dans les spectacles leurs innombrables qualités de souplesse et d’intelligence, on pouvait les voir sauter à la corde avec leur maître, se tenir sur la tête, se balancer sur un tabouret, passer sous un cheval au galop ou sauter sur son dos…
Son frère Gene partagera avec lui les rodéos pendant 20 ans, il eut une autre femelle nommé Trixie, bleu et noire, qui lui avait été offerte par Pan Norton.
Les « chiens bleus » des Sislers déclenchèrent bien des passions pour la race. Dans les années 40 il avait un fervent admirateur nommé Steve Masker qui acheta à Sisler, Freckles, une femelle, en 1956. Il l’accoupla à un chien bleu merle travaillant sur troupeau, Green’s Kim, sur cette portée il conservera « Mansker’s Anna Lee » qui fut unie à son tour à Smokey, produisant le grand champion de travail Mansker’s Turk.
Tous les chiens de Mansker étaient sélectionnés d’abord sur des critères de travail et on peut encore citer des étalons comme Taylor’s Rusty (Turk x Freckels) ou Taylor’s Whisky ( Turk x Mansker’s Anna Lee). Ils seront utilisés dans des élevages prestigieux comme Hartnagle. Las Rocosas Elaine et Ernest Hartnagle vont acquérir leur premier chiot, une femelle sable nommé Snipper en 1954. C’est en voyant les spectacles de Sisler qu’ils furent attirés par l’élevage, ils produisirent de nombreux chiens et firent la promotion des chiens de travail et d’exhibition. Leur affixe était « Las Rocosa ».
Dick Sorensen, Sharon et Jerry Rowe utilisèrent l’affixe de « J-Bar-D » vers 1966. Lorsque Sorensen se maria, il prit l’affixe de « Colorado ». Les lignées produites par ces chiens étaient très pigmentées avec très peu de blanc.
Bob et Jean Canillo spécialisés dans les chiens de travail sur bovins sous l’affixe « Casa De Canillo » avaient des bêtes très douées, par exemple leur chien Cookie était capable de séparer les vaches selon leur race : Jersey, Guernesey, Holstein…Bob dira de lui : « cela est toujours resté un mystère pour moi, comment était-il capable de faire cela ? ». Cette disposition se perpétua car une des petites filles de Cookie, nommée Tammy, stupéfiait également par cette aptitude à séparer les races de bovins. Il faut croire que le service de plein air conserve car Cookie vécut jusqu’à 18 ans, Kelpie, un autre de ses chiens, jusqu’à 17 ans, et Tammy succombera à un cancer à 14 ans.
Le chien des cow-boys
Jay Sisler et son frère Gene poursuivirent leurs exhibition jusqu’en 1972 avec Shorty, Stub, John, Silver, Queenie, Trixie dans des shows avec des chevaux à travers tous les Etats-Unis et le Canada. Les cow-boys qui connaissaient déjà bien la race pour l’utiliser chaque jour sur le terrain s’entichèrent encore plus de l’Australien. Le « chien bleu » conquit ainsi des personnalités qui ne se déplacèrent plus sans leur chien, on peut citer Hoot Gibson, Tom Mix, Roy Rogers, Monty Hale, Clint Walker ou Yul Brunner.
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Walt Disney Filma les chiens de Sisler. On pouvait voir Stub dans « Stub the greatest cowdog il the west » et Silver dans « Run Apaloosa Run » ainsi que dans d’autres films.
Un film plus récent « The Great Brain » est basé sur un livre de John D. Fitgerald, il se passe dans une petite communauté mormone de l’Utah. Les héros principaux en sont : Kye, 8 ans, Bleu merle avec des taches cuivre et blanche et Kita, Bleu merle avec du blanc et des yeux bruns.
La photographie de John, le chien à Sisler fit la couverture d’un journal le « Dodge News Magazine » en Juillet 1967. Des photographies de Rich Rudish du Missouri représentant des Aussies parurent dans « Western Horseman » et le « Quarter Horse Journal » et il produisit également des cartes de Noël dans plusieurs pays parmi eux une majorité de chiens de travail comme le Champion Sorensen’s Cherry Brandy ou la lignée créée par Joe Taylor de Moab dans l’Utah.
Le premier club de race connu réunissait quelques éleveurs dans la région où on trouvait le plus de sujets, le Colorado, c’est le « Mountains and plains blue australian Shepherd club ». Créé dans les années 50, il fut présidé par Juanita Ely, éleveuse depuis 1920, qui acquis à Gene Sisler, Ely’s Blue, base des élevages Flintridge et Wood.
Le club « Australian shepherd Club of America » ou « ASCA » est créé à Tucson en Arizona en 1957. Le premier chien enregistré est Hart’s Panda Produit par Eloise Hart. Le premier standard officiel de ce chien de berger sélectionné surtout sur des critères d’aptitudes au travail, date de Mai 1961. Il ne deviendra effectif que le 15 Novembre 1977.
En 1966, c’est la création de l’International Australian Shepherd Association ou IASA qui recommande la conservation des aptitudes tout en ne négligeant pas le phénotype. En 1967 elle organise une exposition jumelée à un concours d’obéissance à Santa-Rosa en Californie.
Le premier magazine de l’ASCA « Aussie Times », parait en 1968.
Mise en place d’épreuves de travail sur troupeau par l’ASCA en 1974.
Le club « United States Australian Shepherd Association” ou USASA est créé en 1976 pour tenter de faire reconnaître la race par l’American Kennel Club.
En 1980, l’IASA va se fondre dans l’ASCA. Les éleveurs et propriétaires d’Australiens sont toujours réticents pour entrer dans le cynophilie officielle de peur que la race devienne « à la mode » et ne dégénère en perdant ses qualités de travail.
Le Mexican Kennel Club reconnaît la race en Mai 1976.
Le Canadian Kennel Club en 1976.
L’United Kennel Club (US) en 1986.
L’American Kennel Club (US) en avril 1991.
En 1995, l’ASCA recense 8400 membres et environ 75 000sujets.
La FCI (Fédération Cynologique Internationale) reconnaît la race en 1996.
Le Kennel Club britannique en 2001.
Il reste à souhaiter que beaucoup de propriétaires et d’éleveurs d’Aussies prennent exemple sur Jay Sisler et se souviennent des origines de la race, qui est fortement ancrée dans l’utilisation. Le Berger Australien n’est pas un spécialiste, c’est un chien polyvalent (« versatility » dans le standard), alors pourquoi les clubs de race étrangers (non US) ne reconnaissent pas et n’encouragent pas le travail ? Stockdogtrials (berger sur canards, moutons, bétail, chevaux), Obedience (obéissance), Tracking (pistage), etc. Par exemple en France, le club de race ne veut pas qu’il soit sur la liste des chiens d’utilité (ce qui peut être compréhensible puisque cela autorise le mordant sportif, comme chez le Kelpie ou le Colley), alors pourquoi ne pas reconnaître à l’égal du pistage les concours d’obéissance (Aux USA les résultats sont sur les pédigrée, exemple « CD » qui signifie « companion dog ».